Un manoir
Le quartier Colombier tire son nom d’un ancien manoir baptisé selon les époques, manoir du Petit-Beaumont ou du Colombier. Édifice destiné à loger et à élever des pigeons, le colombier du « Petit-Beaumont » est situé dans l’enclos du manoir. Au 17ème siècle, ce petit château est situé au delà des remparts, à 700 mètres au sud du beffroi de la ville. En pleine campagne, il est bordé à l’est par des prairies et par les Buttes de Beaumont, à l’ouest par les jardins de la rue de Nantes et le ruisseau Rolland et au nord par le « vieux cours » de la Vilaine. Ce manoir appartient en 1513 à la famille Le Faye et en 1633 à la famille Subtil.
Des religieuses
En 1628, l’ordre des Visitandines fonde à Rennes un couvent situé entre la rue Saint Melaine et les fossés de la ville s’avérant rapidement trop petit pour contenir toutes les pensionnaires. La règle de l’ordre leur interdit d’être plus de 32 sœurs dans une même maison. Si la communauté de la ville s’oppose dans un premier temps à cette concession, le Roi ayant lui même écrit, la délibération du 03 mars 1634 permet aux Visitandines de faire l’acquisition du manoir du Petit-Beaumont situé rue de la Verrerie dans le faubourg de la rue de Nantes. Les Visitandines s’installent au Colombier en 1641 pour y fonder un second couvent. N’ayant d’abord qu’une chapelle provisoire, elles y font bâtir un cloître et en 1674, entreprennent la construction d’une église conventuelle dans la cour du couvent.
Autour du Couvent
En lisière du couvent, on trouve le terrain des « prairies de Beaumont » dont la famille Huguet (ou Uguet) de La Vayrie a fait don du couvent des Carmes en 1494. Suite à la grande sécheresse de 1720 qui entraîne une forte augmentation des prix des farines, la ville fait installer des moulins à vent sur la butte. En 1724, elle y creuse un puits dans la prairie. La prairie de Beaumont est vendue par les Carmes en 1786 à la Ville pour en faire un champ de foire.
Une promenade
La zone la plus au sud des prairies de Beaumont, la butte sur laquelle s’élèvent les moulins de la Vayrie est aménagée par M. de Montmorin et renommée Terrasse des Champs de Montmorin en 1785. Plantée d’ormeaux, elle devient un lieu incontournable de promenade pour les rennais, offrant un panorama de la ville en pleine expansion.
De nouvelles rues
Le quartier commence à ressembler un peu plus à celui que nous connaissons aujourd’hui durant l’époque moderne. Le XVIIIe siècle marque le perçage de nombreuses rue qui subsistent aujourd’hui telles que la rue Chicogné ou la rue Tronjolly. Percées sur des terrains agricoles, elles témoignent de l’extension progressive de la ville en direction du Sud malgré une insalubrité persistante dans les zones les plus proches des douves. Les remparts sont détruits au cours du XVIIIe siècle.
Un incendie en 1720
Lors de l’incendie qui frappe la ville haute en 1720, une grande partie de la ville est détruite. La partie basse de la ville voit l’érection de baraquements d’urgence pour héberger les sinistrés, auxquels s’ajouteront, à mesure que les travaux de reconstruction avancent, des travailleurs attirés par la perspective d’un emploi. Le niveau de pauvreté se voit de fait très augmenté dans cette partie de la ville déjà pauvre – la ville haute étant surtout composée des résidences de la partie la plus riche de la population.
L’Octroi
On retrouve dans le quartier deux barrières de l’octroi – impôts sur les marchandises locales. L’une siège en face de l’hôtel du Puits Mauger dont on atteste encore l’existence en 1750. La seconde se situe à l’entrée sud de la rue Chicogné.
On constate donc à l’époque moderne des aménagements qui présagent de l’expansion urbaine de la ville mais qui ne résolvent pas les problèmes de la pauvreté et de l’insalubrité de la ville basse – malgré les propositions d’Isaac Robelin de canaliser la Vilaine afin d’en maîtriser le cours lors des travaux qui suivent l’incendie.